Les langues vivantes en maternelle

Comment et quand sensibiliser les élèves de maternelle à une langue vivante étrangère ?

Un article rédigé par Gilles Delmote, conseiller départemental LVE, dans le cadre des travaux du groupe départemental langues vivantes du Gard impulsés par Marcel Lotito, IEN.

 



Objectifs

Une finalité de l’introduction d’une langue vivante en maternelle est de créer les conditions favorables pour donner envie d’apprendre plus tard cette langue.
Les objectifs sont modestes et il ne peut s’agir que d’une sensibilisation à cette langue. Mais la sensibilisation n’est pas exclusive d’apprentissages. Des compétences peuvent en effet être avantageusement travaillées en maternelle. D’une part, les schémas articulatoires des jeunes enfants sont très mobiles et ne sont pas encore « limités » par les automatismes de la langue maternelle. D’autre part, les capacités auditives sont à cet âge peu altérées par une filtration, elle aussi induite par l’exposition aux seuls phonèmes utilisés en français (seulement une trentaine, alors qu’il y en a beaucoup plus en anglais, en allemand ou en espagnol).

L’introduction d’une langue vivante en maternelle peut donc être très bénéfique, tant pour la discrimination auditive, que pour la reproduction de sons, d’intonations et d’accentuations. Cela est d’autant plus important, que ces compétences sont de plus en plus difficiles à acquérir au fur et à mesure que l’enfant grandit.
 

L’organisation des moments de langue vivante étrangère à l’école maternelle

La durée des moments de LVE

La durée est fonction des capacités d’attention des enfants. Il est donc évident que les moments de langue vivante ne doivent pas être trop longs. En PS, un maximum de 15 minutes semble raisonnable. Ce qui importe, c’est la fréquence. Plus les enfants seront exposés à ces moments, plus l’imprégnation, élément essentiel de la mémorisation, pourra être effective. Il est ainsi tout à fait possible de proposer un moment quotidien de LVE.
 

Les activités

Les activités adaptées dépendent directement des activités langagières sollicitées. En maternelle, ce seront la compréhension orale (CO) et la (re)production orale (PO). On privilégiera donc l’écoute de comptines* et d’histoires tirées d’albums* ou de méthodes* (* cf. fiche PDF qui peut être téléchargée à la fin de cet article). Les écoutes renouvelées peuvent ensuite déboucher sur des activités de reproduction orale de mots, d’expressions ou de phrases.
Ces activités de compréhension et de reproduction seront d’autant plus efficaces qu’elles seront associées chacune à une activité physique – jeu de doigts, ronde, mime, danse – selon le principe du TPR (“Total Physical Response”). Les enseignants de maternelle sont donc tout à fait préparés à ce type d’activités qu’ils mettent constamment en oeuvre dans leurs classes.
 

Les avantages de la marionnette

Si avec les élèves de GS, il est possible – et vivement conseillé - de prévoir une séance permettant de prendre conscience de l’existence de plusieurs langues (soit en prenant appui directement sur des enfants ou parents d’enfants de la classe, soit à partir de documents audio ou audiovisuels), cette démarche s’avère hors de portée des jeunes enfants de PS et de MS. L’emploi de la marionnette constitue alors un moyen efficace de justifier l’emploi d’une seconde langue sans passer par des notions géographiques et culturelles hors de portée des enfants. Ces derniers adoptent en revanche sans problème la marionnette, son apparence, son mode d’expression.

La marionnette est l’élément qui balise dans le temps le moment de langue vivante. Cette identification est nécessaire afin d’éviter toute interférence avec les moments de langue première (surtout pour les enfants dont la langue maternelle n’est pas le français). Durant ces moments, l’enseignant utilise la marionnette pour introduire des éléments de langue vivante qui seront manipulés par la suite. Elle devient ainsi son interlocuteur et celui des enfants. Sa présence, qui dépend de la langue utilisée par les enfants, incite ceux-ci à rester concentrés et à ne pas utiliser la langue première. Grâce à la marionnette, l’unité de temps du moment de langue vivante est donc définie à la fois par son début et sa fin, mais aussi par son contenu bien différencié des autres moments de classe se déroulant en français.

Il importe que la marionnette LV soit différente de celle éventuellement utilisée par ailleurs.
 

Le lieu

A l’unité de temps, il est logique d’ajouter une unité de lieu. Dans la classe, il s’agit généralement du coin regroupement. La salle de motricité autorise cependant une plus grande liberté de mouvement et est tout à fait appropriée. Quel qu’il soit, ce lieu, par son décor ou son affichage, peut aider les enfants à identifier les moments de langue vivante et ainsi faciliter la mise en place de rituels.
 

Les consignes

Les consignes simples, dites dans la langue vivante, confèrent à celle-ci une utilité concrète tout en affirmant le caractère spécifique des moments de LV.
En revanche, toujours dans le souci de bien baliser ces moments, il n’est pas judicieux à ce niveau de la scolarité de donner une consigne en langue seconde en dehors des moments consacrés à cette langue.

Télécharger cet article au format PDF

Cet article peut être téléchargé au format PDF sur le site de l'inspection académique du Gard en cliquant sur le lien suivant :
http://ecoles48.net/elve/anglais/maternelle/formation/pages/10_Les_LV_en_maternelle.pdf
La fiche PDF donne en complément des pistes sur la façon dont peuvent être exploités les comptines et les albums en maternelle et propose une sélection de comptines, d'albums et de méthodes adaptés au cycle 1. Les comptines peuvent être téléchargées sur le site Excuse my English et/ou sur le site de l'inspection académique du Gard.
 

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